Il s’agit d’une période de développement de l’affectivité et de la personnalité de l’enfant. Cette phase « d’opposition » permet aux enfants de s’affirmer, de grandir. (C’est pourquoi, je pense qu’il serait plus approprié de parler de « phase d’affirmation » que « d’opposition »…)
L’enfant se perçoit dès lors comme un individu à part entière, capable d’exprimer ses désirs et de penser par lui même. Il commence à s’autonomiser vis à vis de ses parents, il se rend compte qu’il n’est pas toujours en accord avec la volonté de ses parents et entend bien le faire savoir. Enfin, ce comportement « d’opposition » exprime également une recherche de cadre dont il a besoin pour se construire et pour se sentir rassuré.
Pour faire face à cette période, plus ou moins marquée en fonction des enfants, il faut s’armer de patience et de calme. Mais surtout, pas d’inquiétude, cela est tout à fait normal : non, votre petit ange n’est pas en train de devenir un démon, il est juste en train de se construire, de grandir et il a besoin d’en passer par là, voilà tout.
Pour autant, il est essentiel de garder une attitude ferme, mais toujours avec bienveillance* et empathie. Offrez lui ce cadre contenant, sécurisant qu’il recherche, avec des repères clairs, qui soient raisonnables et appropriés à l’âge de l’enfant.
Pour éviter et/ou régler les conflits avec votre enfant, voici quelques conseils :
Pour être bien entendu et compris, il est important de se mettre à la hauteur de l’enfant lorsque l’on s’adresse à lui:
- Eviter tout recours aux châtiments corporels (fessées, claques, empoignades), ainsi qu’aux cris : c’est délétère pour l’enfant, totalement inefficace et contre-productif. La peur et le stress engendrées empêchent l’enfant de comprendre correctement son erreur et d’apprendre à la réparer parce qu’il se sent complètement “tétanisé”. Cela ne contribue pas à le responsabiliser, bien au contraire. Aider l’enfant à réparer ses erreurs sera nettement plus éducatif et constructif pour lui. D’autre part, les enfants imitent leurs parents: taper apprend à taper, crier à crier…
- Toujours expliquer à l’enfant ce que l’on attend de lui et les règles à respecter (avant de sortir, de faire une activité, d’aller faire les courses)
- Prévenir votre enfant à l’avance de ce qu’il va se passer, de ce que vous allez faire, pour qu’il s’y prépare, plutôt que le mettre devant le fait accompli (ex : « nous allons bientôt devoir partir du parc », « il va bientôt être l’heure d’aller se coucher »…)
- Rester cohérent entre parents et dans le temps lorsque vous fixez des interdits, des règles (évitez de vous contredire devant votre enfant, il est préférable de régler les désaccords du couple en l’absence de l’enfant). (EDIT: Je pense qu’un minimum de cohérence est souhaitable afin que l’enfant ait des repères clairs et structurants. Mais être cohérent ne veut pas dire être toujours d’accord et fonctionner à l’identique. Il s’agit de se mettre d’accord sur les principales règles de vie et les valeurs que l’on souhaite inculquer à ses enfants puis d’adopter une attitude et un discours en cohérence avec celles-ci, en évitant de trop se contredire l’un l’autre devant l’enfant. Il n’est pas pour autant question d’afficher systématiquement un consensus factice qui ne serait pas en accord avec notre propre vision des choses. A mon sens, ce qui est primordial c’est de rester cohérent avec soi-même et au quotidien.)
- Lorsque votre enfant traverse « une crise », bien lui signifier que vous entendez sa colère, sa frustration, son désaccord, et y poser des mots pour l’accompagner dans son émotion.
- Eviter absolument tout recours au chantage affectif ou chantage de toute sorte.
- Utiliser l’humour et le jeu pour dédramatiser certaines situations: « En allant à la rencontre des enfants dans leur monde de jeux, nous déverrouillons la porte qui nous donne accès à leur vie intérieure pour communiquer avec eux à coeur ouvert » (de coeur à coeur) Dr Lawrence Cohen.
- Offrir empathie et câlins à l’enfant: les câlins, le réconfort, le soutien sont essentiels pour qu’une relation de confiance s’établisse avec l’enfant et lui permettre d’évoluer sereinement et de façon épanouissante.
- Etre ferme (mais toujours juste et bienveillant) lorsque cela est nécessaire: un enfant a besoin d’évoluer dans une environnement contenant et sécurisant.
Une fois la crise passée, prenez le temps de rassurer l’enfant sur vos sentiments. Pas de confusion entre le comportement et l’enfant. Même si votre enfant a eu un comportement que vous réprouvez, vous l’aimez évidemment toujours autant; Mais si cela est évident pour vous, l’enfant lui a besoin d’en être assuré 🙂
Pour aller plus loin, je vous invite à lire mes articles sur les alternatives à la punition et sur la façon d’accompagner les émotions de son enfant.
8 Comments
On et en plein dedans avec mon deuxième (presque 26 mois).
J’aime beaucoup la phrase d’une connaissance, également psy, qui dit qu’à cet âge dire « non » c’est dire « je ».
Par contre, je m’interroge : la cohérence entre parents est-elle forcément nécessaire ? L’enfant peut comprendre assez tôt que les règles sont différentes d’une personne à l’autre, d’un endroit à l’autre etc. Bien sûr s’il s’agit d’une règle clairement établie pour toute la famille à la base c’est différent, mais s’il s’agit de quelque chose que l’un supporte et l’autre pas (ex: je tolère un niveau sonore supérieur à ce que tolère mon mari).
Et lorsque le parent a atteint son seuil de tolérance, n’est-ce pas à lui de partir puisque c’est lui qui a un problème ? Lorsque mon fils aîné fait des crises de colère, je l’envoie se calmer ailleurs mais si c’est moi qui suis en colère c’est moi qui m’en vais dans une autre pièce avant de crier (en tout cas j’essaie, c’est pas gagné encore !). Pour mon plus jeune, ces crises passent vite et je le trouve trop petit pour être isolé.
Oui, je pense qu’un minimum de cohérence éducative entre parents est nécessaire pour que l’enfant ait des repères clairs et structurants. Mais être cohérent ne veut pas dire être toujours d’accord et fonctionner à l’identique. Il s’agit de se mettre d’accord sur les principales règles de vie et les valeurs que l’on souhaite inculquer à ses enfants puis d’adopter une attitude et un discours en cohérence avec celles-ci, sans se contredire l’un l’autre. Il n’est pas pour autant question d’afficher systématiquement un consensus factice qui ne serait pas en accord avec votre propre vision des choses. A mon sens, ce qui est primordial, c’est surtout de rester cohérent avec soi-même et au quotidien.
En ce qui concerne le fait de vous retirer lorsque vous sentez que vous allez « exploser », c’est effectivement une solution intéressante si une autre personne est présente et peut prendre le relais. (conjoint,grands-parents…).
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Bonjour,
J’ai une question que je n’arrive pas à élucider ces derniers temps et qui est plus ou moins en rapport avec la conclusion de cet article. Ma fille de 4 ans et demi est régulièrement en conflit (petits conflits, rien de grave) où elle se braque et finit par pleurer faute de ne pas avoir obtenu ce qu’elle souhaitait. Pour autant elle ne m’obéit pas et se met à pleurer d’une manière insistante et répétitive « Maman, un câlin » sans avoir fait ce que je lui demandais. J’ai l’impression mais pas la certitude que c’est une façon pour elle d’essayer de faire ce qu’elle veut de moi bien que je reste sur mes positions et lui indique qu’elle aura un câlin quand elle aura fait ce que je lui demandais. C’est surtout dans sa façon de pleurer et de réclamer que je le perçois mais j’arrive quand même à douter par moment sur mon interprétation…
Une autre question si je peux me permettre… Depuis quelques jours justement quand l’issue de notre discussion ne lui plaît pas elle me taxe assez rapidement de « plus méchante maman du monde », qu’elle ne m’aime plus etc. Au début je laissais faire en lui répondant qu’elle changerait d’avis mais maintenant je trouve ça trop récurrent et irrespectueux et je lui indique très fermement de se taire. Avez-vous des conseils sur la façon de faire par rapport à ça ?
Merci par avance 🙂
Bonjour,
Si je comprends bien ce que vous me dites, vous avez la sensation que votre fille cherche à vous « manipuler » ou du moins à vous amadouer par ses demandes insistantes de câlins « pour arriver à ses fins ».
Là où vous craignez qu’il y ait « manipulation », moi, il me semble voir une demande d’amour, un besoin d’être rassurée sur vos sentiments, notamment sur le fait que vous puissiez toujours l’aimer, même si elle ne répond pas à vos attentes, ou si elle exprime un désaccord avec vous. D’ailleurs, votre seconde question me conforte dans cette interprétation: lorsque votre fille vous dit qu’elle ne vous « aime plus », que vous êtes « la plus méchante maman du monde » elle ne fait que projeter sur vous ce qu’elle ressent au fond d’elle. Il s’agit d’un mécanisme de défense commun qui permet de mettre au dehors l’angoisse qui nous submerge à l’intérieur en la ré-attribuant à l’autre. Cela lui donne la sensation de garder le contrôle de la relation, ce qui tend à la rassurer.
Au moment des demandes auxquelles vous ne pouvez pas répondre positivement: vous pourriez opter pour une formulation du type: « je comprends que tu puisses avoir envie de cela, et tu as tout à fait le droit d’en éprouver le désir, mais ce n’est pas possible ». Si elle pleure ensuite, dans la même logique vous continuerez d’accepter et de valider ses sentiments: « tu as le droit/je comprends que tu sois en colère/triste/frustrée…
Lorsque la demande émane de vous, et lorsque cela est possible, n’hésitez pas à formuler votre attente de manière assez ouverte en laissant un semblant de choix à votre fille ex: »tu préférerais commencer par faire cela ou plutôt cela »? …
Pour conclure, ce que je pourrais vous conseiller, c’est d’écouter votre coeur de maman et d’offrir à votre fille autant de câlins qu’elle en réclame. L’amour/les câlins ne peuvent être conditionnés à quelque chose. Ils sont gratuits et inconditionnels. (I. Filliozat donne des mots très juste à ce sujet: « l’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant »).
Et, lorsque votre fille dit ne plus vous aimer ou que vous êtes la plus méchante maman au monde, ne la repoussez pas, souriez-lui et répondez lui que vous, vous l’aimez toujours très fort et qu’elle reste votre petite fille chérie…
N’hésitez pas à revenir vers moi pour me donner des nouvelles 🙂
Bien cordialement,
Delphine.
PS: je vous invite à lire:http://babybaboo.com/education/education-bienveillante-accueillir-et-accepter-les-emotions-de-son-enfant/ & http://babybaboo.com/education/une-education-bienveillante-nest-pas-une-education-laxiste/
Merci pour votre réponse rapide 🙂
Je vais prendre le temps de la lire attentivement ce week end !
Je suis très intéressée par votre approche et je prendrai le temps de lire chacune de vos pages sur l’éducation. Je me demandais comment réagir face à une grosse crise de mon fils, lorsqu’il se montre hors de lui-même face à un interdit. Il peut devenir agressif (taper), crie et est incapable de se calmer. Notre présence peut augmenter l’intensité… J’avoue que je me sens démunie dans ces moments.
Bonjour, je me permet de laisser un petit message en commentaire en esperant un retour de votre part.
Ma fille vient de faire 26mois, on rencontre actuellement un soucis au moment d’aller dormir. Sieste ou nuit. Elle crit, m’appele, demande le pot, le bibi, un calin ou que je lui gratte la tête !
Ça peut durer des heures. J’avoue avoir crié, a bout de force, au bout de 12 reveils nocturnes.
Son pére et moi sommes séparés, cela complique un peu les choses dans la mesure ou je ne peux passer le relai. Je pense qu’elle entame la phase d’opposition. Plusieurs signes notamment le non récurrent, je n’ai pas envie, laisse moi tranquille
Auriez vous quelques conseils suplémentaires concernant le coucher, car je n’en peux plus de la laisser pleurer, et les couchers à rallonge me font sauter le repas le soir et tomber de fatigue à 23h maison rangée ou pas…