[« Article invité » proposé par Capucine Vercenotti, Ostéopathe]
La motricité libre: qu’est-ce que c’est?
C’est un concept développé par Emmy Pickler dans une pouponnière hongroise. Il consiste à laisser l’enfant acteur de son développement moteur, sans le contrarier en le mettant dans des positions qu’il n’est pas encore prêt à adopter seul; On évitera alors l’utilisation du transat, du cosy et bien sûr du youpala (interdit au Canada).
L’enfant a besoin de tâtonner, expérimenter, répéter pour approfondir ses compétences motrices. Grâce aux neurosciences, on sait aujourd’hui que le développement psychologique va de pair avec le développement moteur.
Naissance:
La première motricité libre de l’enfant s’observe lors de la naissance: bébé est actif lors de sa naissance, capable de placer sa tête, faire une sorte de reptation pour avancer dans la canal de naissance, pousser avec ses pieds…
Tenir sa tête:
Ensuite, il va pouvoir tenir sa tête, si nous lui offrons les bons appuis au niveau du bassin et flexion des genoux. Cela permet de maintenir l’enroulement de la colonne vertébrale.
Il est également possible de mettre le bébé à plat ventre (il peut rester jusqu’à 1h30 par jour, par tranche de quelques minutes, dès sa naissance (si et seulement si votre enfant apprécie…)
Un des défis en tant que parent sera alors de trouver des jouets avec lesquels l’enfant pourra jouer sur le ventre; Car on trouve principalement des jouets étudiés pour que l’enfant reste sur le dos (ex: arche)
Retournement:
Ensuite, l’enfant va pouvoir se retourner. Lorsque vous posez bébé au sol et qu’il semble faire des mouvements incohérents, il prépare son retournement. Il lui faut du temps pour parvenir à se retourner. Dès la naissance, il a besoin d’expérimenter des temps au sol (quelques minutes au début, puis on augmente progressivement).
Il est normal que votre enfant fatigue au bout d’un moment, ça signifie qu’il a passé suffisamment de temps au sol. C’est l’observation de votre enfant qui va vous permettre de déterminer ce dont il a besoin.
Il faut savoir qu’il est plus facile de passer d’une tranche à une face (côté/ ventre ou côté/dos): dans les périodes d’éveil vous pouvez le poser sur le côté. Puis, progressivement il va passer du dos au ventre et vise-versa.
Lorsque votre enfant se retourne vous pouvez déboucher le champagne, car il s’agit de l’étape la plus implorante!

Le reste du temps, il peut être porté. N’oubliez pas que votre enfant est un petit mammifère et qu’il a besoin d’être en contact avec ses parents pour se sentir en sécurité. En plus, cela stimule les canaux de l’équilibre et permet une meilleure motricité.
Dans le cadre de ma profession, j’ai pu observer, qu’une fois cette étape acquise, les autres étapes se font généralement sans difficultés. Pour comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas toujours aussi simplement, je vous invite à lire mon article « motricité libre oui mais…«
Ramper:
Ensuite, une fois à plat ventre, il va ramper. C’est une étape importante pour l’acquisition des schémas croisés (bras/ jambe opposée lors de la marche, mais aussi connexion du cerveau droit et cerveau gauche). Ramper permet de développer également la propulsion au niveau des orteils et plus tard de la marche.
Lors de cette étape, il est préférable que l’enfant soit pieds nus (les chaussettes vont le faire glisser, et il aura alors du mal à adhérer au sol pour se propulser).
Tripode:
On peut voir des petites étapes intermédiaires, comme la position en tripode, capacité à soulever un bras à plat ventre . Cette étape développe tous les futurs tripodes. (Clouer un clou, tenir un stylo…)
Quatre pattes – Assis:
Il passe ensuite aux « quatre pattes » et seulement après, à la position assise. Il faut rester patient, et ne pas forcer les choses. Chaque enfant évoluant à son rythme, votre enfant se tiendra peut-être en position assise après d’autres enfants du même âge. Il peut ensuite passer un long moment à ce stade du quatre pattes/assis.
La marche de l’ours:
On va observer plusieurs étapes, comme la marche de l’ours. L’enfant va plus facilement faire cette étape, s’il se trouve sur un terrain « accidenté », car cela va l’obliger à soulever les genoux.
Ensuite, position du « chevalier servant » pour se mettre debout.
Accroupi:
Les enfants vont souvent se mettre accroupis: une étape sur laquelle on va également porter une attention particulière, car beaucoup d’enfants ne la font pas. Dans certains pays, les gens vivent accroupis (cuisinent, discutent….). Dans cette position, le périnée est étiré, cela lui permet de se renforcer et de s’assouplir. C’est la position que l’on prend d’ailleurs pour aller aux toilettes dans la nature. Si un enfant n’est pas capable de se mettre accroupi, il peut y avoir des répercutions sur la mécanique du bassin et du périnée, et sur toutes les autres expéditions et explorations…

Les escaliers:
Les enfants sont capables de monter les escaliers avant la marche. En revanche, la descente demande davantage d’apprentissage: il est nécessaire de montrer à l’enfant comment descendre les jambes en premier, car cela n’est pas naturel pour lui.
La marche:
Enfin, la marche 🙂 C’est l’étape pour laquelle vous devez le moins vous inquiéter, car tous les enfants marchent, une fois qu’ils sont prêts.
Si vous souhaitez soutenir votre enfant dans la marche, vous pouvez lui donner un appui sous la main, mais pas en suspension.
Mais tout ne s’arrête pas la… Il faut attendre 6/7 ans pour la marche revête toutes les caractéristiques adulte. Avant cela, l’enfant marche bras/jambes du même côté.
Après la marche, il continue d’explorer le monde et va découvrir comment grimper, puis descendre (plus difficile), sauter, porter, couper, dessiner…
Je trouve fascinant d’observer un enfant grandir (et épuisant aussi…:-) ) de voir chaque nouvelle étape. Parfois, il faut savoir se mordre la langue, pour ne pas dire « c’est trop haut pour toi », « c’est trop lourd » et se contenter d’observer, en prenant conscience des étonnantes capacités de nos enfants, si nous n’intervenons pas.
Toutes ces compétences motrices vont permettre à l’enfant de développer une bonne posture de la colonne vertébrale, des compétences cognitives grâce aux connexions droite/gauche du cerveau et vont participer à la maturation des réflexes archaïques (passer du mode réflexe au mode volontaire).
Capucine Vercellotti, Ostéopathe.
- Crédits photos: pikler.fr et brougrillons.fr
3 Comments
c’est marrant je suis une jeune mère d’un enfant de 4 ans et c’est exactement la méthode que j’utilise avec mon fils
Bonjour.Ma petite fille de 10 mois se deplace assise en tailleur et cherche a se lever.Elle n est pas passe par le 4 pattes.Auriez vous un conseil.Merci beaucoup de votre reponse.Bernadette
Bonjour, Je vous conseil de l’amener chez l’ostéopathe pour vérifier que rien ne la gène au niveau mécanique. Ensuite vous pouvez la mettre à plat ventre et lui montrer comment ramper( c’est vous qui faite le mouvement des jambes). En stimulant le ramper cela peut aider pour le 4 pattes. ensuite vous pouvez la mettre assis avec une jambe devant une jambe derrière et l’aider à démarrer son 4 pattes.