Le bébé: un être en construction

Pour fixer le décor, il faut savoir que la qualité du sommeil est très variable au cours des deux/trois premières années de vie de l’enfant et les différences inter individuelles également très importantes. Donc inutile de chercher à comparer, il n’y a pas 2 enfants identiques, et c’est d’ailleurs valable pour toutes les acquisitions à venir.
À chaque enfant son rythme et ses besoins…
Mais, en tant que parents, vous avez sûrement déjà eu droit à cette fameuse phrase: « est-ce qu’il fait ses nuits »? Ce genre de phrase qui peut sembler assez anodine de prime abord mais qui non seulement n’a aucun sens mais qui en plus engendre certaines attentes non réalistes vis à vis du sommeil de bébé…
Le sommeil est une acquisition qui demande un temps de maturation suffisant, il ne s’agit en aucun cas d’un apprentissage. Il n’est donc pas question d’apprendre à un enfant à dormir… Tout comme on n’apprend pas à un enfant à marcher ou à devenir continent.
Le bébé n’est pas un adulte en réduction, mais un petit être en construction, et il lui faudra au minimum 2/3 ans pour qu’il puisse acquérir une relative stabilité de sommeil, que ce soit en terme de durée ou d’organisation.
C’est pourquoi, lorsque des parents m’expliquent que leur bébé ne fait pas ses nuits, j’ai souvent l’habitude de répondre que OUI OUI bébé fait bien ses nuits mais pas les leurs…
Tout simplement parce que le rythme, les besoins physiologiques et la maturation cérébrale ne sont pas les mêmes que chez l’adulte….
Les cycles de sommeil du bébé vont évoluer progressivement au fil de son développement.
Chez le nouveau-né, ils ne se composent que de 2 phases: le sommeil agité et le sommeil calme avec une durée totale assez courte qui oscille entre 45 min et une heure (contre 1h30 à 2 heures chez les adultes). Il s’endort en sommeil agité et dort généralement par période de 2 à 4 heures en fonction de ses besoins et sans distinction entre le jour et la nuit jusqu’à environ 8 à 10 semaines.
Le sommeil va ensuite progressivement évoluer au fil des mois pour commencer à avoir une structure plus proche de celle de l’adulte vers un an. Toutefois, les cycles de sommeil vont rester relativement courts puisqu’ils ne sont que de 75 minutes en moyenne vers 2 ans et ne deviendront équivalents à ceux des adultes que vers 6 ans…
Il est également important de garder à l’esprit qu’il va y avoir de nombreux épisodes de régressions du sommeil au cours du développement de l’enfant vers 4 mois, 9 mois, 18 mois, 24 mois, à l’entrée à l’école… Et bien sûr, éventuellement lors de poussées dentaires, petites maladies, vaccins, ou encore prise de médicaments…
Quoi qu’il en soit, dans la mesure du possible, il est vraiment nécessaire de pouvoir lâcher prise un maximum et rester le plus serein possible face au sommeil de bébé. Les bébés sont de véritables éponges émotionnelles et s’ils ressentent de la pression, du stress…Cela risque de compliquer encore davantage les choses…
D’autre part, il va s’agir de rester attentif aux signes de fatigue du bébé, et lui permettre de dormir lorsqu’il en exprime le besoin et non quand vous, vous décidez qu’il est l’heure de dormir, puisque, comme on vient de le voir, les besoins du bébé ne sont pas les nôtres et réciproquement…
Enfin, pour se sentir en confiance et pleinement sécurisé, il est préférable de permettre au bébé de se réveiller à l’endroit où il s’est endormi. Ça peut être compliqué pour lui de s’endormir dans les bras au salon puis de se réveiller seul dans son lit. Il risque alors de percevoir la chambre/le lit comme anxiogène et ne plus vouloir ensuite s’y coucher… Il est nécessaire de lui offrir un maximum de continuité pour l’apaiser et lui permettre d’être pleinement en confiance.
Du coup, le portage en écharpe la journée peut être une merveilleuse option permettant de suivre son rythme en étant totalement sécurisé tout en laissant au parent une totale liberté de mouvement.
Pourquoi bébé se réveille la nuit ?

Vous l’aurez compris un bébé qui se réveille la nuit c’est on ne peut plus normal… Ses cycles sont courts et les réveils entre les cycles peuvent être plus ou moins nombreux en fonction de chaque enfant.
Au début, bébé va bien évidemment se réveiller très régulièrement pour ses besoins physiologiques, notamment pour manger. Il va également pouvoir être gêné par une couche pleine, une température de chambre trop élevée, des troubles digestifs occasionnés, par exemple par un RGO , des allergies, des douleurs dentaires, des tensions musculaires ou articulaires, ou bien encore un vêtement trop serré…
Mais le sommeil va également être influencé par toutes les émotions ressentis durant la journée, par le contexte environnemental, par un accouchement traumatique, mais aussi par le tempérament propre à chaque enfant, certains étant plus sensibles et plus réactifs que les autres.
Enfin, et surtout, le bébé va tout simplement avoir besoin de se recharger à vos côtés. Après avoir passé 9 mois lové au chaud dans le ventre de maman, bercé par ses mouvements, sa voix, les battements de son cœur, le bébé va avoir besoin de retrouver cette chaleur enveloppante, à travers le contact physique pour se sentir apaisé et suffisamment sécurisé. Le besoin de sécurité affective et d’attachement est tout aussi important pour son développement que les besoins physiologiques.
On oublie donc tout de suite les conseils non avisée de mémé Marcelle qui vous conseille de laisser pleurer bébé pour qu’il apprenne à s’endormir seul… Le bébé, du fait de son immaturité, n’est absolument pas en mesure de s’apaiser seul. Il a impérativement besoin de ses parents pour l’aider à se réguler et retrouver un équilibre interne satisfaisant. Un bébé qui pleure est un bébé qui appelle à l’aide, et qui a donc besoin de restaurer la proximité physique avec ses parents. Il est donc essentiel de répondre à son appel et ne pas le laisser hurler seul dans son lit, en état de détresse.
Partager le sommeil de son enfant: bonne ou mauvaise idée?

La pratique du cododo existe quasiment dans toutes les cultures à travers le monde depuis les débuts de l’humanité… Elle est également bien plus répandue qu’on ne le pense en occident, mais simplement moins assumée…
Il s’agit pourtant d’une excellente transition entre l’environnement sécurisant et enveloppant du ventre de maman et le dodo seul dans la chambre… Par cododo, j’entends ici le fait de partager le lit des parents ou juste la même chambre avec un berceau ou lit posé à côté. En tout état de cause, un nouveau-né a besoin de rester à proximité de ses parents, bercé et sécurisé par leur bruit, odeur et chaleur.
Le cododo va permettre:
- de répondre rapidement aux besoins du bébé
- de renforcer le lien d’attachement
- de procurer une sécurité affective en rassurant bébé qui sent et entend ses parents tout proches
- de simplifier l’allaitement, stimuler la lactation et limiter la fatigue
- et enfin de rassurer les parents qui peuvent aisément garder un oeil sur bébé
-> Et, je tiens à préciser que de nombreuses études attestent que la pratique du cododo dans le même lit, pratiqué dans le respect des règles de sécurité, ne présente absolument aucun danger pour le bébé.
Pour aller plus loin sur la question du cododo: http://babybaboo.com/education/cododo-ma-reponse-au-magazine-parent/
Points clés à retenir:
Les réveils nocturnes chez le bébé et le jeune enfant sont normaux
Le sommeil est une acquisition qui demande un temps de maturation suffisant, il ne s’agit pas d’un apprentissage
Bébé a besoin du contact et de la proximité physique de ses parents pour se sentir rassuré et apaisé
Chaque enfant a un rythme et des besoins différents
Le sommeil évolue avec l’enfant, rien n’est figé ni dans un sens, ni dans l’autre
Les bébés et jeunes enfants sont de véritables éponges émotionnelles, donc le maître mot: lâcher prise…