[Cet article fait partie d‘un carnaval d‘articles, organisé par Coline et Rémy du Blog Petites Chasses au Trésor 🙂 L’objectif: réunir des blogueurs spécialisés sur des thématiques telles que la parentalité, l’apprentissage, l’éducation, la pédagogie, les enfants et la famille. Il s’agit d’écrire chacun un article sur un sujet commun, en l’occurence aujourd’hui « Apprendre par le jeu », pour en ressortir un maximum d‘idées riches et variées qui serviront les lecteurs de nos différents blogs. Je vous invite à découvrir l’article de Coline et Rémy [ICI].
Apprendre par le jeu:
Pour beaucoup, apprentissage et jeu constituent deux notions bien distinctes, voire antagonistes… D’un côté l’apprentissage qui s’apparente à quelque chose de sérieux, à du « travail »; et de l’autre, le jeu qui est davantage perçu comme une occupation de « loisir », plus ou moins futile… Lorsque mon fils était en petite section de maternelle, j’avais pour habitude, chaque matin, de lui dire quelque chose du genre: « passe une belle journée à jouer mon p’tit coeur… »; et voici ce que m’avait rétorqué l’institutrice, et qui m’avait laissé sans voix: » Vous savez madame, ici on ne fait pas que jouer, on travaille et on apprend des choses! « … Et pourtant:
LE vecteur d’apprentissage par excellence, c’est LE JEU:
« Nous naissons tous équipés d’un formidable outil d’apprentissage [qu’est] le jeu ». (André Stern). Il s’agit d’une disposition spontanée de l’être humain qui ne demande qu’à être respectée et préservée:
Le jeu libre présente non seulement des avantages sur le plan éducatif mais aussi sur le plan psychologique. Il est essentiel au bon développement de l’enfant. La philosophe et psychanalyste Alice Miller, auteure entre autres « du drame de l’enfant doué » nous explique que lorsqu’un enfant est limité à des tâches dirigées vers un objectif précis, au lieu d’être libre de jouer sans but, son monde s’en trouve bouleversé.
Lawrence Cohen explique que « Le jeu est le moyen dont disposent les enfants pour s’exprimer, eux et leurs émotions » (voir mon article » le parentage ludique ou comment jouer avec son enfant »)
Quant à Peter Gray (psychologue, spécialiste de la question du jeu et des apprentissages libres) il estime que le jeu est au coeur du développement de l’enfant: « d’un point de vue biologique, le jeu est le moyen par lequel la nature s’assure que les jeunes mammifères, dont le petit d’homme, acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour devenir des adultes ».
Enfin, à travers le jeu, les enfants vont pouvoir se construire personnellement en développant leurs capacités et compétences (Piaget, 1932, 1945 ; Vygotski, 1967 ; Winnicott, 1975 ; Bruner, 1983 ; Johnsen, 1991 ; Goldstein, 1994) tout en expérimentant le monde social, les systèmes de valeurs, normes, règles (réciprocité, justice, coopération…) ainsi que les rapports sociaux (d’âge, de sexe, de classe, de rôle… ) (Gaussot Ludovic, Docteur en Sociologie).
Par conséquent, le jeu s’avère absolument essentiel au bon développement cognitif, affectif et social des individus et constitue la base de tout apprentissage.
Le jeu représente bel et bien un BESOIN pour l’enfant et non une simple envie ou occupation: il est alors essentiel de laisser un maximum de temps à nos enfants pour jouer librement et développer toute leur créativité…
En outre, le jeu n’est pas l’apanache de l’enfance mais reste essentiel tout le long de l’existence. Il permet d’apaiser le stress, de stimuler le fonctionnement cérébral, de favoriser les apprentissages et les relations sociales et surtout de rester jeune: « Nous ne cessons pas de jouer parce que nous vieillissons, nous vieillissons parce que nous cessons de jouer » (Georges Bernard Shaw).
Tout ceci, est aujourd’hui validé par les découvertes en neurosciences, notamment grâce au travail du professeur Gerald Hüther, éminent chercheur en neurobiologie:
L’enthousiame, un engrais pour le cerveau:
Le jeu procure de la joie et de l’enthousiasme chez l’enfant. Cet enthousiasme va permettre l’apprentissage et le développement cérébral:
« Entre vingt et cinquante fois par jour, le petit enfant vit un état de grand enthousiasme. A chacun de ces moments, les centres neuro-émotionnels s’activent. Les cellules nerveuses qui y sont logées possèdent de longs appendices s’étirant à travers toutes les zones du cerveau. Aux extrémités finales de ces appendices se déverse alors un cocktail de neurotransmetteurs. Ces composés chimiques conduisent les cellules nerveuses nouvellement connectées à produire certaines protéines. Ces protéines, bien déterminées, permettent la croissance de nouveaux appendices, la création de nouveaux contacts neuronaux ainsi que l’établissement et le renfort des connexions fraîchement activées au moment où nous résolvons un problème particulier ou relevons un nouveau défi.
Chaque petite tempête d’enthousiasme met en œuvre une sorte d’autodoping cérébral. Ainsi sont produites les substances nécessaires à tous les processus de croissance et de réaménagement des réseaux neuronaux. C’est ce qui explique pourquoi nous progressons si rapidement dans ce que nous faisons avec enthousiasme. Car c’est aussi simple que cela : le cerveau se développe précisément là où il est utilisé avec enthousiasme. » (Dr Gerald Hüther, chercheur en Neurobiologie)
Quelques conseils:
- Offrir un maximum de temps aux enfants pour jouer librement (jeux non structurés, et auto-dirigés)
- Permettre aux enfants de laisser libre court à leur créativité (ne pas faire à leur place, ne pas chercher à diriger, encadrer, ne pas forcer à terminer…)
- Jouer autant que possible avec eux, notamment pour satisfaire leur besoin d’affection (et le votre) → remplir leur réservoir; les aider à récupérer à la suite d’un stress émotionnel → fonction cathartique; se rapprocher ou resserrer les liens distendus (par une altercation, un conflits, des difficultés…) → se (re)connecter
- Permettre aux enfants de jouer autant que possible au contact de la nature (jouer dehors stimule l’intelligence et la créativité)
- Eviter le stress et la pression qui sont néfastes pour l’apprentissage, pour la relation et pour la santé (→ la sécrétion d’adrénaline ou de cortisol dans le cerveau, en trop grande quantité, peut avoir des conséquences délétères sur le comportement et le métabolisme de l’enfant)
- Eviter les comparaisons et la compétition (voir la vidéo d’Albert Jacquart: « toute compétition est un suicide ».
- Rendre les tâches du quotidien ludiques en impliquant les enfants: jeu d’imitation. (Voir l’article: « Accompagner l’enfant vers l’autonomie »)
- Proposer des supports ludiques pour aider les enfants à intégrer certaines notions comme par exemple:
– La notion du temps: « l’enfant et le temps: mon horloge de la journée DIY » / « Poutre du temps Montessori »,
– L’écriture: « Bac de découverte Montessori »

– Les mathématiques: « les barres numériques rouges et bleues », les LEGOs pour apprendre simplement les fractions …
Références:
- Dr Gerald Hüther, Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 105. Pour aller plus loin: voir la conférence: « Zweite Konferenzdes Denkwerks Zukunft Berlin » du 15 janvier 2011: Pour aller plus loin, je vous recommande la vidéo de la conférence (sous-titrée): ICI
- Gaussot Ludovic « Le jeu de l’enfant et la construction sociale de la réalité », (no 24) , p. 39-51
- Lawrence Cohen, « Qui veut jouer avec moi », Edition JCLattes. (Article sur le sujet: ICI )
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En Finlande, ils encouragent les enfants à passer plus de temps en plein air et à jouer à des jeux différents. Parce que quand nous jouons, nous essayons différentes professions.